Passage du temps

Souffle de vie réfrigérant,

ravivé par des flocons brûlants


  L'autre matin, lorsque la neige est tombée si légère ; quand, doucement, ces milliers de petits flocons, simplement, ont été déposés sur le sol goudronné, rêveuse, je me suis mise à penser.
 
Miraculeusement, elle a recouvert le morne paysage d'un joli manteau tout blanc. Ainsi, le sol, habituellement, si sombre, dévoila de la ville une autre lueur, comme si des milliers d'anges, avaient effleuré de leur douce caresse, par le biais des petits flocons, ce tapis de goudron. Par une brise glacée, ils avaient également apporté dans les coeurs un peu de joie et de liberté. Ainsi, ce paysage, en d'autres jours, plutôt terne, semblait revêtir un autre éclat, plus paisible et chaleureux ; un regard à l'horizon, et j'ai vu les toits enneigés des maisons. J'ai ressenti, à la fois, du bien-être, d'être l'un des nombreux témoin de cette image totalement magique de tout ce blanc qui nous entoure alors. Cela a ravivé en moi, un souvenir enfoui, un souvenir de mon enfance, et, je me suis émerveillée devant la beauté absolument époustouflante de cette nature changeante.
Mais, j'ai également ressenti, une sorte de tristesse envahir mon cœur, devant ce paysage merveilleux, lorsqu'un fait s'est imposé à mes yeux. Je me suis dit soudain, qu'aujourd'hui, mon enfance est loin, que le temps, malheureusement nécessaire à la vie, nous fait vieillir trop vite, sans que nous ne parvenions jamais à le retenir. Et, j'ai réalisé, encore plus simplement, que demain, déjà, aura fondue cette neige tombée du ciel si doucement, disparus seront ces petits flocons déposés sur le sol goudronné si lentement. Et ainsi, lorsque tout aura disparu, j'oublierai ces sentiments ressentis, contradictoires apparemment, pour retourner avec peine et regrets dans la pénombre d'une vie triste et sans amour. Cela ne deviendra alors plus qu'un lointain souvenir, qui s'évaporera, une fois encore, au prochain hiver. Un souvenir, qui sera, naturellement, balayé par la force du vent printanier.


  Ainsi nous oublierons tous ça - la beauté - ces visages souriant devant tant de splendeur. Tous ces enfants, heureux, jouant dans la neige. Rien n'est plus beau que la neige au sol - rien n'est plus beau que le bonheur. Nous oublierons, malheureusement, cette joie immense, ressentie au plus profond de nous, au plus profond de notre cœur.



Texte écrit en 2011

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